michel_mno gcweb

mes collections de livres et BD

Collections
Blake et Mortimer (Éditions Blake et Mortimer) #023 Le Bâton de Plutarque

Le Bâton de Plutarque

La chronologie jacobienne est des plus complexes, et Dieu seul sait combien elle demeure sujette à discussion. Ainsi, après le très récent L'onde Septimus de Jean Dufaux et Antoine Aubin, suite de La marque jaune parue en 1956, voici que sort Le bâton de Plutarque, préquelle du célébrissime Secret de l’espadon édité en 1950 !

Avec cette nouvelle aventure du célèbre physicien et de son acolyte du MI5, Yves Sente relate les mois qui précédèrent la "Troisième Guerre mondiale". Parallèlement, il s’attache à expliquer de nombreuses zones d’ombre que d’aucuns n’avaient pas manqué de relever dans les trois épisodes se déroulant au pays de l’Empire Jaune. Mais cela suffit-il à faire un bon scénario ? À l’évidence, pas tout à fait. Et ce, pour plusieurs raisons ! Tout d’abord, l’ancien directeur du Lombard veille trop à rester dans les traces de son illustre prédécesseur et manque singulièrement d’audace pour ce qu’il est désormais convenu de considérer comme la "première" confrontation avec le fameux colonel Olrik. À cette apparition en demi-teinte vient s’ajouter un faux rythme qui, selon les cas, peut-être imputable au flegme tout britannique des héros, aux codes graphiques de la ligne claire ou, et c’est le plus probable, aux séquences qui s’enchaînent avec la régularité d’un métronome, sans que rien ne vienne véritablement en troubler l’ordonnancement. In fine, l’ensemble s’avère sans réelle surprise, un tantinet boy-scout dans l’esprit, à l’instar de ces productions d’après guerre dont il se veut l’héritier. Toutefois, si dans ses grandes lignes, le récit peut apparaître, aujourd’hui, cousu de fil blanc, il recèle nombre de petits détails qui montrent qu’Yves Sente a particulièrement veillé à la cohérence du tout, à défaut de sa crédibilité. Finalement, l’attrait de ce nouvel opus réside ailleurs, du côté de la planche à dessins plutôt que du script. Organisé systématiquement en 3 strips, le travail d’André Juillard est d’une étonnante sobriété, avec un trait précis autant qu’épuré qui se concentre sur le sens et non sur les fioritures et qui, bien que des plus classiques dans le style, sait faire preuve d'une vraie modernité. Seul petit bémol : l’absence de pupille dans de nombreux regards !